HOMMAGE à Tahar Labassi

Ce que je dirai ici n’est que redondance. Tous mes amis et les siens s’accordent sur son abnégation. Poussé par l’amour et le souci de l’autre, il est toujours prêt quand le devoir du cœur l’appelle. Tahar a donné et donnera toujours tant que le temps le permet. Je sais ce qui le rend fort et déterminé. Tahar respire l’amitié et se nourrit de ses grandes fragilités. Ceux qui le connaissent bien savent que derrière le ‘masque’ de la puissance et de la lucidité, Tahar cultive une sensibilité touchante. Sa faiblesse est au fait le bouclier de sa force, le rempart contre les tentations. À l’écoute discrète des confidences qu’on lui fait ou des besoins de soutien intimes ou étrangers, il ne dévoile jamais les secrets. Doué d’une disponibilité ‘démesurée’, Tahar résonne à toutes les vulnérabilités, allège le fardeau des soucis par l’anecdote, atténue la complexité des problèmes rencontrés par une dose de légèreté. Son regard est le sosie de ses éclats de rire. La bienveillance pétille quand on le croise et se propage tout autour. Souvent sérieux dans chacune de ses interventions, ses amis et membres de la famille le vénèrent pour sa sincérité. Lorsqu’elle est ‘grise’, sa vision juste est allègrement épicée par l’humour, par une belle citation, par une anecdote mémorisée. Tahar adore ‘jouer intelligemment’. Il sait aussi être enragé, mais exige de la patience pour agir à l’encontre de ce qui l’irrite politiquement. Il a horreur de la bêtise qu’il compare à la ‘pauvreté’, et la définit comme une pénurie au niveau de l’esprit. Il n’aime pas les conflits mais paradoxalement les cherche à l’encontre de ceux qu’il détecte ‘malveillants’ ou vendus, ou opportunistes : ceux qui passent de ‘gauche’ à ‘droite’ pour leurs propres intérêts. Tahar est imbattable. Il n’est pas pour autant extrémiste, loin de là. Il défendrait, s’il le faut, à tort des idées et pratiques qu’il condamne lorsqu’il sait que les combattre ne mène à rien ou lorsqu’il sait que le moment n’est pas opportun pour les débusquer. Parfois, il justifie les métamorphoses irritantes chez ceux qu’il aime et même les défend. Pour lui, l’être humain ‘erre’ et l’on ne peut le condamner pour une dérive passagère. Il fait confiance au retour du bon sens, à la bonne foi de son entourage, à l’auto-critique des amis qui divaguent. Tahar fait aimer la vie à ceux qui l’abordent. Le bonheur pour lui est un beau poème, un sourire attrapé au hasard, une belle histoire avec ses intrigues tumultueuses qui aiguise le plaisir de les accompagner avec prudence, de ‘faire avec’, et d’apprivoiser la terreur des circonstances monstrueuses. Le bonheur, surtout, pour lui, c’est d’être entouré par ceux qu’il aime. Tahar est notre fierté à tous. Bénis sont celles et ceux qui ont eu la chance de le fréquenter et d’avoir gagné son amitié.

Puisque tu nous aides tous à dépasser les heurts et la douleur et à survivre, tu survivras, Tahar. Tu survivras contre les indécents aux ambitions obscènes, contre les fabricants de la haine, contre les ennemis de la vie, contre les ennemis du bien-être. Tu survivras, Tahar, pour m’épater encore de tes merveilleux récits, pour me donner d’autres leçons sur le défi.

Abdennebi Ben Beya