Harcèlement sexuel, pédophilie et silence des religieux

Amin Zaoui

Ecrivains, artistes, journalistes, scientifiques… ne cessent de crier haut et fort leur condamnation et d’exprimer sans nuance aucune leur indignation envers tout ce qui se passe dans l’église catholique comme scandales de pédophilie ou de harcèlements sexuels envers les enfants, les adolescents et les femmes.

En somme, toute l’intelligentsia européenne et américaine ne tolère point ce comportement sauvage qui se cache derrière les murs des institutions catholiques contrôlées par une pseudo-sainteté religieuse, ou dans la société en général. Dernièrement, lors de la visite du pape François en Irlande, la société civile a organisé une grande mobilisation en signe de condamnation des abus du clergé et de contestation contre la gestion odieuse des espaces religieux.

La mobilisation populaire était forte, la colère était juste et le pape était clair en condamnant les actes abjects des harcèlements commis par ses religieux sur les enfants et les adolescents.

En Europe, la voix de la citoyenneté passe avant celle de la religion. Le sens de la citoyenneté a un droit de regard sur ce qui se passe à l’intérieur des établissements religieux. Il n’y a pas de religieux sans le respect des droits de l’enfance et des femmes. Les militants des droits de l’homme font face, sans ambiguïté aucune, à tout abus sexuel dissimulé dans le religieux et exercé sur les enfants ou les femmes.

Chaque fois que les religieux catholiques violent l’univers des enfants, la société civile et intellectuelle élève la voix de la condamnation contre ces pratiques criminelles. Même le roman Lolita, du grand romancier Vladimir Nabokov, et qui pourtant n’est qu’une fiction, a été condamné, par peur qu’il ne soit aperçu comme une apologie de la pédophilie.

Dans les milieux artistiques et littéraires occidentaux, le harcèlement sexuel et la pédophilie sont une ligne rouge. Dans l’autre côté du monde, c’est-à-dire dans la société musulmane, le harcèlement sexuel contre la femme n’est pas condamné clairement. On le dit du bout des lèvres.

Les institutions religieuses étouffent toute information concernant ce fléau. La presse dans les sociétés est complice par son silence. L’âge de la maturité sexuelle dans la société musulmane n’est pas bien défini, ce qui laisse une grande marge de manœuvre pour les pratiques des harcèlements et de la pédophilie.

Même si dans quelques pays musulmans le code de la famille précise l’âge du mariage pour la femme, la société religieuse n’a jamais respecté cette loi civile ou peu. Des parlementaires irakiens et yéménites ont appelé, à partir de leur hémicycle, à baisser l’âge du mariage de la fille à onze ans ou neuf ans. Le pire est que ces parlementaires trouvent toujours dans le mariage du Prophète avec Aïcha un prétexte.

On lit dans Sahih Bukhari volume 7, hadith 5134 : «Aïcha a rapporté que le Prophète a écrit le contrat de mariage avec elle quand elle avait six ans et qu’il consomma son mariage quand elle avait eu neuf ans…» Pis encore, dans les textes du fiqh (jurisprudence islamique), on parle même du droit des adultes de prendre des filles bébés en mariage, bébés encore à l’âge de l’allaitement (niqah arradhie).

Dans cette littérature qui, malheureusement, est toujours en circulation, des livres sont réédités, vendus dans nos librairies, disponibles dans nos bibliothèques publiques, nous nous trouvons devant des faits odieux, inimaginables et abominables.

Chez nous, dans notre société obsessionnelle, le harcèlement sexuel est vu comme un signe de virilité, rajla ! Aucun chef d’institution religieuse, du cheikh d’El Azhar jusqu’au petit imam de la prière du vendredi dans n’importe quelle mosquée algérienne, n’a condamné clairement le harcèlement sexuel que subissent les femmes dans les rues d’Alger ou du Caire, dans les transports en commun ou sur leur lieu du travail.

Dans une société où un daâiya, prêcheur islamique salafiste, ose émettre une fatwa appelant à l’interdiction de l’enterrement des femmes aux côtés des hommes dans le même cimetière parce que cela crée une fitna au sous-sol, une sédition sexuelle, est une société au bord de la folie, une société perverse.

Et tout ce discours est justifié par une rhétorique religieuse, meublée par des hadiths et des propos de quelques faqihs controversés. Bien que beaucoup d’actes de pédophilie aient été enregistrés dans des écoles coraniques, rapportés par quelques médias, les responsables religieux sont restés muets !

Il faut signaler qu’il y a eu, ces dernières années, du progrès dans le domaine de la législation algérienne pour combattre le harcèlement des femmes et garantir la protection de l’enfance, malheureusement la société est imprégnée du poids de la culture islamiste salafiste, qui met tous les maux, toutes les malédictions sur le dos de la femme.

Par Amin Zaoui le 23/9/2018