Grande Bretagne: deux ans d’emprisonnement pour ceux qui prennent des photos sous les jupes

Après avoir mené bataille pendant dix-huit mois, sous les insultes, Gina Martin a remporté son combat et réussi à faire changer la loi britannique pour que soient punis ceux qui prennent des photos sous les jupes des femmes.

Le Parlement britannique a adopté un projet de loi visant à punir de deux ans d’emprisonnement le fait de prendre des photos sous les jupes des femmes.

« JE SUIS ÉPUISÉE MAIS TELLEMENT TELLEMENT HEUREUSE ! »

Elle est aux anges, Gina Martin. Et, sur son compte Twitter, la jeune Anglaise tient à le faire savoir. Après dix-huit mois de bataille, et malgré les insultes, elle a remporté son combat et réussi à faire changer la loi britannique pour que ceux qui prennent des photos sous les jupes des femmes soient punis.

Le projet de loi a pourtant été définitivement approuvé par la Chambre des lords mardi 15 janvier de façon presque inaperçue, tous les regards étant tournés vers la Chambre des communes qui a rejeté l’accord de Brexit.

Le texte n’attend désormais plus que la signature de la reine Elizabeth II, ultime étape du processus législatif au Royaume-Uni, pour être promulgué.

Un an de campagne

Il avait été introduit à la suite d’une campagne menée par Gina Martin, une jeune femme de 27 ans, elle-même victime de cette pratique désignée par le terme « upskirting » en anglais.

La jeune femme de 27 ans avait raconté pourquoi elle s’était lancée dans ce combat.

Lors d’un festival de musique à Londres, en juillet 2017, un homme la drague lourdement puis se frotte à elle.

« Cinq minutes après, j’ai vu que son copain regardait son téléphone, il était sur WhatsApp et regardait une photo prise de très près de l’entrejambe d’une femme » en gloussant. « J’ai compris tout de suite que c’était une photo de moi ».

« Ça m’a rendue furieuse »

« Humiliée » et bouleversée, elle s’empare du téléphone et court se réfugier auprès des vigiles qui appellent la police. Les policiers forcent le jeune homme à effacer la photo mais, quatre jours plus tard, ils appellent Gina pour lui dire que l’affaire est classée.

« Ça m’a rendue furieuse ». Par le passé, des hommes avaient déjà « soulevé sa jupe » ou lui avaient « donné une claque sur les fesses ». Cette fois, « c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ».

Outrée de comprendre que le fait de prendre des photos sous les jupes des filles (« upskirting » en anglais) n’est pas puni en Angleterre et au pays de Galles, à la différence de l’Écosse, la Britannique lance une campagne pour y remédier. Sa pétition a récolté plus de 110 000 signatures.

Le délit punissant l’« upskirting » a été inclus dans un texte de loi contre le voyeurisme.

Il a toutefois fallu du temps pour que la voix de la jeune femme, qui travaille dans la publicité, soit entendue.

« Je suis aux anges », a-t-elle réagi sur Twitter. « Nous avons changé la loi! J’ai toujours pensé que la politique était hermétique mais avec de l’aide et la volonté nécessaires, on peut y arriver ».

Du voyeurisme puni de deux ans de prison

Initialement présenté par la députée libéral-démocrate (centre) Wera Hobhouse, le texte avait été bloqué en raison de l’opposition du député conservateur Christopher Chope, qui s’était attiré de vives critiques et la décoration de l’entrée de sa permanence ainsi que de son bureau au Parlement avec des culottes.

Le gouvernement avait ensuite repris à son compte la proposition qui a passé mardi définitivement l’étape du Parlement.

Le texte vise à punir les voyeurs qui prennent des photos sous les robes ou les jupes, un comportement qualifié d' »intrusion odieuse dans la vie privée, qui laisse les victimes en détresse », selon les mots de la secrétaire d’État à la Justice Lucy Frazer.

« Le point de départ d’une législation plus large »

« La nouvelle loi criminalisant l’upskirting est un ajout bienvenu dans la lutte contre les agressions sexuelles basées sur l’image, mais elle devrait être le point de départ d’une législation plus large », a commenté Erika Rackley, professeure à la faculté de droit de l’université du Kent, dans une réaction publiée sur internet.

Et l’experte d’appeler à une « loi qui s’attaque à toutes les formes de prise, de création et de distribution non consensuelles d’images sexuelles privées et prévoyant l’anonymat automatique pour toutes les victimes survivantes ».

En France, l' »upskurting » est puni par une loi promulguée en août dernier renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.