Gilbert Naccache et Azza Ghanmi donnent leur compte rendu de leur entretien avec Kaïs Saïd

Nous avons eu le plaisir de rencontrer, ce jour, par le président Kais Saied, rendez-vous prévu depuis les résultats du 1er tour qui a été retardé pour des raisons de calendrier.
La rencontre chaleureuse et amicale a été l’occasion, pour le président, de rendre hommage à toutes et tous les militants contre la dictature ; il a réitéré les positions qu’il a prises lors de ses différentes interventions et sa détermination à mener son projet d‘asseoir et renforcer l’Etat de droit.
Il a affirmé son intérêt à recevoir et écouter tous les acteurs de la société tunisienne.
De notre côté, nous l’avons félicité pour son succès aux élections en soulignant l’espoir qu’il avait fait naître surtout dans la jeunesse
L’entretien a porté sur plusieurs points qui nous tenaient à cœur et qui étaient contenus dans sa campagne et son discours d’investiture, et notamment, ceux qui pouvaient donner lieu à des interprétations qu’il a rejetées et qu’il s’est engagé à clarifier dans des déclarations futures.
Nous avons abordé la question des libertés individuelles et, notamment, l’article 230 et les traitements inhumains que subissent les homosexuel.le.s (le test anal) dont il a convenu qu’ils étaient inadmissibles.
Quant aux publications agressives et violentes dans les réseaux sociaux, il a réaffirmé que ceux, groupes et individus, qui prétendent le faire en son nom, ne le représentent en aucune manière et qu’il prendra des mesures contre leurs méthodes : il s’est dit fermement opposé à toute forme de violences dans les débats publics.
Nous avons échangé sur les problèmes de la lutte contre la corruption en évoquant les mesures stratégiques propres à améliorer l’efficacité de cette lutte.
Nous avons passé en revue le domaine de la culture qu’il n’avait pas évoqué auparavant. Il a insisté sur l’importance de la culture dans laquelle il voit un rempart contre tous les extrémismes. Il s’est engagé à se pencher sur ce problème et à prêter l’attention et l’écoute nécessaires à toutes les femmes et tous les hommes impliqué.e.s dans ce domaine et dans celui des médias.
Nous lui avons fait part de l’intérêt de lancer une dynamique qui pourrait conforter les espoirs de la jeunesse et lui donner envie de s’engager dans la construction du pays.
Nous avons évoqué le problème l’opposition du pouvoir central à une véritable décentralisation et les limites opposées aux institutions locales.
En ce qui concerne les droits des femmes, nous avons attiré son attention sur la campagne Ena Zedda, l’importance de ce mouvement et de la nécessité d’entendre les témoignages des victimes de violences sexuelles.
La question de l’égalité successorale a été abordée et nous avons convenu d’en reparler dans des rencontres ultérieures.
En conclusion
Nous avons été touché.e.s par l’accueil qui nous a été réservé.e.s en tant que militant.e.s. Nous avons abordé avec le président Kaies Saied plusieurs points qui nous posaient problème dans son approche (droits des femmes, droits des homosexuel.le.s etc.). Nous espérons qu’il en tirera les conclusions. Bien que nous partagions avec lui certains aspects de son programme (proches de ce que nous défendions en tant que membres de l’association Manifeste du 20 mars) nous serons toujours, comme beaucoup d’autres, vigilant.e.s et nous ne manquerons jamais de participer aux débats et aux combats pour les droits humains.

Azza Ghanmi
Gilbert Naccache