Femmes, chats et météo

Dans la société arabo-musulmane, l’égalité entre femme-homme demeure un sujet feu, d’actualité chez l’intelligentsia. Une vieille cause, mais toujours présente. Ce débat remonte à Qasim Amin (1865-1908), depuis la parution en 1899 de son livre polémique et controversé intitulé «la libération de la femme» (Tahrir al marâ). Des brûlants débats intellectuels, religieux et politiques, autour de ce sujet, sont encore là. L’image de la femme musulmane est souvent liée aux actes de harcèlement, de violence, de viol, de voile, de fornication et de la non-maturité. Les mineures à vie !
Dans le monde moderne, l’égalité femme-homme est une évidence, un sujet périmé, cette problématique relève du passé, cela dure au moins depuis mai 68. Si dans ces pays occidentaux où la culture de la démocratie, la liberté individuelle, la pluralité, la diversité, la laïcité… est un vécu palpable, de l’autre côté, dans les sociétés musulmanes, on se dispute, on discute, on diverge sur le droit de la femme à un héritage similaire à celui de l’homme. Frère et sœur !
A l’heure où le monde autour de nous, en ce 2018, par ses intellectuels, ses philosophes, ses littérateurs, ses politistes, ses scientifiques mènent des campagnes de sensibilisation en faveur du respect des droits des animaux. Défendre les droits des animaux pour une vie et pour une mort dignes et respectées ; les chiens, les chats, les chevaux, les fourmis, les abeilles, les moutons, les vaches et les autres belles créatures avec lesquelles nous partageons cet espace appelée la terre et le bonheur, dans le monde musulman on parle, on prêche pour dire que le corps de la femme est une malédiction. Que la voix féminine est une honte !
A l’heure où dans le monde qui nous entoure, les intellectuels évoquent les méthodes pour sauvegarder des espèces d’oiseaux qui, face à la sauvagerie capitaliste, sont menacées à disparaître et définitivement de notre vie, de notre terre, de l’autre côté c’est-à-dire dans les sociétés musulmanes, on discute l’interdiction aux femmes l’utilisation du rouge aux ongles, l’interdiction du rouge à lèvres ! C’est une provocation satanique contre l’homme !
A l’heure où les autres, nos voisins du nord sur cette même planète, parlent du réchauffement de la planète, compté degré par degré, par peur de voir un jour des pays recouverts par l’eau, menacés de disparaître définitivement, de l’autre côté c’est-à-dire dans les sociétés musulmanes, les intellectuels, les philosophes et même les scientifiques parlent de la chaleur du corps féminin, mesuré degré par degré, une chair nucléaire qui provoque l’homme musulman et pollue ses ablutions et menace sa foi.
A l’heure où les autres dans le monde des impies, les mangeurs de cochon évoquent l’organisation de la cité, une imagination pour une cité de demain, la cité future, dans la société musulmane on parle de l’organisation des vêtements de la femme, interdit de porter les chaussures à talons aiguilles et les jupes courtes et les pantalons serrés… le parfum féminin excite l’homme-bouc… et on n’oublie de faire descendre la poubelle, on préfère la balancer du balcon sur le trottoir.
A l’heure où de l’autre côté du monde, aux pays des citoyens athées, et afin d’augmenter la production, ils évoquent une nouvelle réorganisation du travail, dans la société musulmane et afin de partir au paradis, les croyants évoquent la réorganisation du travail à l’occasion du mois du ramadan et augmentent les prix et prêchent contre les femmes qui sortent pas après l’heure d’el-iftar.

Amin Zaoui