Béji Caïd Essebsi dans son rôle de Président de la République

président tunisie caid essebsiNombreux sans doute sont les Tunisiens qui, en ce mercredi du 10 mai 2017, se sont sentis satisfaits d’avoir élu Béji Caïd Essebsi à la présidence de la République. Loin même de toute appartenance partisane, juste pour un langage de raison qui sait pouvoir s’exprimer comme il faut, dans les moments qu’il faut.

Certains ont beaucoup spéculé sur ce discours assez tôt annoncé, comme si le temps d’attente était délibérément donné pour mettre chacun face à sa conscience de citoyenneté en vue d’imaginer le propos approprié face à la crise où se débat le pays depuis plus de six ans. Des politicards de circonstance, même parmi ceux de longue traversée, ont cherché à pousser vers les solutions les plus suicidaires, allant jusqu’à appeler à des élections législatives et présidentielles anticipées, au moment même où la communauté citoyenne attend impatiemment les élections municipales comme un autre couronnement de la transition démocratique, après l’échéance réussie des élections de 2014.

D’autres étaient particulièrement fixés sur le gouvernement d’union nationale, voulant le « dégager », dans l’espoir de provoquer un état de vide qui pourrait leur amener un certain pouvoir politique qu’ils n’avaient pas réussi à conquérir par la voie de la démocratie électorale. Pourtant, de l’avis des plus objectifs, ce gouvernement est au moins le moins mauvais de ceux qui se sont succédé depuis 2011, pour ne pas dire qu’il est relativement satisfaisant par rapport à ses prédécesseurs, rien qu’après huit mois de gouvernement.

Le Président de la République a opposé à ces spéculations hasardeuses un langage de raison et de franchise nécessité par la Tunisie d’aujourd’hui. A ne pas en douter, on entendra bientôt certains discours catastrophistes accusant le président de tourner le dos à la transition démocratique. On verra aussi des mouvements de soutien à ces types de discours et l’on dira qu’il en est ainsi en démocratie, pourvu que les règles de celle-ci soient respectées ! Or ces règles ne sauraient justifier le blocage des voies de communication, ni les structures de production. Car la liberté n’a de sens vraiment que dans une discipline certaine, celle justement du droit de chacun à l’attitude qu’il veut prendre : un gréviste ne saurait alors agresser impunément un non gréviste et, si besoin est, le droit de chacun est garanti par la force de l’Etat, tant qu’il est revendiqué dans le respect des Lois.

De fait donc, le Président n’a fait que souligner ces règles du contrat social dans un vrai Etat qui aspire à la démocratie et aux meilleures conditions du vivre-ensemble. Dans cette perspective, il n’y aurait aucune nuisance à la revendication sociale légale quand l’armée est chargée de protéger les sources de la richesse nationale. Il n’y aurait aucune infraction à l’objectif de démocratisation quand on appelle les Tunisiens à se réconcilier ensemble pour donner le meilleur élan à la reprise du développement. Aucune entorse à la rationalité à soutenir les bonnes intentions et les initiatives prometteuses d’un jeune gouvernement qui fait de son mieux. Voilà l’essentiel du discours du président, tout de raison et de responsabilité. Tout de respect aussi à son rôle et à ses prérogatives.

Puisse nos politiques, de tous vents, raison garder, au nom de la Mère Patrie si celle-ci a encore un sens pour eux. N’empêche qu’il y a bien une règle supérieure à tous les vœux : on ne peut tolérer les entreprises destructrices quand l’urgence est à la (re)construction.

Mansour M’henni