Algérie : «Ain El Fouara» qui dérange les islamistes restera sur la place publique

La statue de la Fontaine de Sétif «Ain El Fouara» (source jaillissante), qui fait la gloire de la ville, a été réparée et retrouvera sa place malgré l’opposition des islamistes. L’œuvre centenaire, qui représente une femme nue, avait été vandalisée en décembre 2017 par un individu barbu «atteint de troubles psychiatriques».

La dernière sortie de certains députés islamistes ayant interpellé le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, pour la «séquestration» de la mythique fontaine de Aïn Fouara, égayant depuis plus de 116 ans le centre de la capitale des Hauts-Plateaux, a choqué et scandalisé les Sétifiens.

«Ce n’est pas à la statue de Ain El Fouara d’aller au musée. C’est à ceux qui appellent à son déplacement d’y aller». Voici la réponse du ministre algérien de la Culture Azzedine Mihoubi à des députés islamistes, lors d’un débat à l’Assemblée, le 22 mars 2018. Les élus du FJD (Front pour la Justice et le développement) réclamaient l’envoi de l’œuvre «impudique» au musée.

Casser ses seins que je ne saurais voir

La statue, représentant une femme nue, avait été défigurée par un homme qui l’avait attaquée au marteau et au burin en plein jour, suscitant l’émoi des habitants de la ville de Sétif (300 km à l’est d’Alger).
Ce n’est pas la première fois qu’un individu s’en prend à l’œuvre du sculpteur français Francis de Saint-Vidal, réalisée en 1898 spécialement pour la ville de Sétif.

Trois attaques en 20 ans

La dame en pierre a été prise pour cible au moins trois fois durant ces vingt dernières années.
En 1997, l’œuvre avait été quasiment détruite par l’explosion d’une bombe artisanale avant d’être reconstituée à l’identique.
En 2006, «un forcené», âgé de 26 ans s’était attaqué à la statue à coups de marteau tout comme lors de la dernière agression perpétrée en décembre par «un individu atteint de troubles psychiatriques».

C’est la première fois en revanche que des responsables politiques islamistes demandent ouvertement le déplacement de l’œuvre installée depuis 1899 et classée «propriété culturelle nationale depuis 1999» comme le souligne le journal El Watan.
Ils n’auront pas le dernier mot.