Certains crayons sont à casser avant qu’ils finissent de nous casser.

Ali Gannoun

Ali Gannoun

Pour clore le débat!

J’ai vu des médecins reconstruire physiquement et moralement des blessés de la route et de la vie. Mon père (paix à son âme) a été sauvé à plusieurs reprises par la médecine. Mon fils a eu une pneumonie alors que j’étais à l’étranger et c’est un médecin qui l’a accueilli chez lui (dans sa maison) pour le soigner. Je vie et je travaille avec des médecins et on se bat « scientifiquement » tous les jours. Mais mon père a perdu un œil suite à une erreur médicale.
Ceci dit, et malgré tout le respect que j’ai pour les médecins, je n’accepterai jamais qu’ils jouissent d’un statut spécial qui les protégerait contre leur propre abus car je suis contre le régime des faveurs car il crée un déséquilibre sociétale.
Je suis pour la justice, toute la justice et rien que la justice. Les erreurs et les abus sont à sanctionner à la hauteur de leur importance et leur répercussion sur les victimes.
Dans ma vie, j’ai vu des personnes injurier le Bon Dieu (oui le Bon Dieu) suite à la disparition d’un proche et je peux comprendre la détresse d’une famille en deuil qui hurle son désespoir face à un médecin car il est le symbole de la vie et de la guérison. La patience fait partie du bagage d’un médecin et il faudrait qu’elle soit plus présente chez les médecins dans les situations extrêmes .
Et puis nous devons nous citoyens apprendre à se respecter et à respecter les compétences de chacun. Longtemps j’ai vécu avec une tante qui ne cessait d’insulter son médecin car il ne donnait que des comprimés et jamais de piqures.
La révolution (de m..) a développé la haine et a réduit l’intelligence. Chaque jour, nous choisissons un nouvel ennemi pour le fusiller et nous passons d’une tranchée vers une autre pour mieux le viser.
Les journalistes irresponsables jouent un rôle très sale dans le pourrissement des rapports administrateurs-administrés, médecins- patients, employeurs-employés et j’en passe. Certains crayons sont à casser avant qu’ils finissent de nous casser.
J’appelle donc mes amis médecins à ne jamais se débarrasser de leur humanité et de rester du coté du malade et de jamais son portefeuille. Ils sont à récompenser à la hauteur de leur travail et il mérite reconnaissance et considération. J’appelle aussi les citoyens à cesser d’être médecins et à faire valoir ce qu’ils sont exactement. Nous ne sommes pas les génies de la terre et nous avons à juger seulement ce qu’on sait faire.
Il reste à la justice de ne mépriser personne et elle a même l’obligation de considérer tous les citoyens égaux en droit et de ne jamais favoriser le prince par rapport au simple sujet.
Et comme toujours, l’émotion et l’énervement sont de très mauvais conseil(s) et ils doivent être compensés par la sagesse de ceux qui ne sont pas sous pression.
Le comportement moutonnier est une maladie qui ne peut être soignée par les médecins (ils peuvent eux même en souffrir). Son seul remède est la culture car, dans la culture, il y a aussi la reconnaissance des compétences de chacun.
Point final!
!..AH..!

Ali Gannoun

Illustration : La ministre de la santé Samira Méraï a reçu ce mardi Abir Omrane ,médecin interne après sa libération