L’équipe du FMI ne viendra pas à Tunis

Ezzeddine Saïdane

Ezzeddine Saïdane

Il était prévu qu’une équipe du Fond monétaire international ( FMI ) allait venir en Tunisie avant la fin du mois de mars pour vérifier sur le terrain l’état d’avancement des réformes sur lesquelles l’Etat tunisien s’était engagé dans le cadre de la fameuse lettre de mai 2016 et de l’accord de prêt de 2,88 milliards de $ (6,5 milliards de Dinars). Le FMI aurait décidé d’annuler ce déplacement considérant qu’aucun progrès n’a été réalisé, et qu’il n’y avait par conséquent rien à vérifier. L’Etat tunisien a même fait le contraire de ce qu’il avait promis de faire en ce qui concerne les augmentations de salaires dans la fonction publique. En outre aucune autre réforme sérieuse n’a été engagée. L’annulation du déplacement implique en toute logique le maintien de la position du FMI concernant le non déblocage de la deuxième tranche du prêt qui était prévue pour lé mois de décembre 2016. Nous savons par ailleurs que l’ensemble des institutions financières, internationales ou privées, s’alignent généralement sur la position du FMI. Le non déblocage de la deuxième tranche, et probablement du reste du prêt, pourrait aboutir à un véritablement étouffement financier de la Tunisie. Le non remboursement éventuel des échéances des crédits extérieurs (principal et intérêts) dues en 2017 pourrait précipiter l’invitation de la Tunisie au « club de Paris » et le déclenchement du processus de rééchelonnement de la dette publique extérieure de la Tunisie.

Quand on gère si mal nos affaires, quand l’intérêt de la Tunisie vient pour certains en dernier lieu, quand la transition politique devient polluée à ce point, quand on donne la priorité à un engagement intérieur (vis à vis de l’UGTT) par rapport à un engagement international (vis à vis du FMI), quand on ne fait pas ce qui doit être fait pour préserver la crédibilité et les intérêts de la Tunisie au niveau international, on mène le pays vers l’abîme.

Je suis convaincu qu’il reste encore une petite fenêtre pour engager une véritable opération de sauvetage de notre économie, et par conséquent de notre pays. L’immobilisme, l’hypocrisie, la malhonnêteté et la langue de bois sont nos pires ennemis.

Ezzeddine Saïdane

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