Essoussi Kamel
7 heures du matin! Rues étonnamment calmes à Monastir. Cafés occupés par les seuls prieurs du Sobh qui s’éternisent sur leurs fonds de tasse refroidis à se lamenter sur la perte des valeurs islamiques dans ce pays avant d’aller se rendormir. Quelques badauds mâchaient leur ftira toute chaude et essuyaient l’huile de friture qui dégoulinait de la commissure de leurs lèvres Le marchand à la sauvette des bananes qui stationnait juste devant l’hôpital Fattouma Bourguiba dormait encore.
7 heures et quart, toute l’équipe des 20 médecins était là. Le must des musts dans toute la splendeur de la Tunisie des lumières, de la compétence et( de la science. 3 ans qu’ils préparaient cette première: la transplantion d’un foie sur un bébé de deux ans . Une première dans le monde arabo-musulman. Un îlot resté intact encore dans ce désert de Rokya char3ia, de boul el ba3ir qu’ont char’rié ces islamistes de Ghannouchi . Un îlot, couronnement de l’oeuvre de Bourguiba, qui résiste encore à faire la nique à tous ces détraqués mentaux , à leur rappeler toute l’immensité de leurs âneries et toute la lourdeur de leur intrusion dans notre tunisianité.
Il est 8 heures du soir. 11 heures debout à prélever sur le père et à transposer au bébé qui s’en allait autrement. Les deux kilos de chair étaient entubés de partout . Le bébé entrouvre un oeil et soulève son minuscule pouce. Un clin d’oeil semblant dire : « Merci les gars, vous avez fait un excellent boulot ». Les sourires illuminent la salle d’opération. La puéricultrice , fatiguée, se retire dans un coin et chiale comme un môme, de fatigue, de joie,
Il est 10 heures du soir, le chef de l’équipe rentre chez lui. La pluie glaciale déclenche les essuie glace usés qui raclent le pare brise dans un bruit répétitif désagréable. Il allume sa radio sur les info du jour. Inondations au sud, nouvelle troika au pouvoir à l’assemblée, député saisi en flagrant délit de contrebande en cigarettes, 85,5 milliards que doit la STEG aux mosquées, démantèlement d’un réseau de trafiquants de médicaments volés aux hôpitaux, la pharmacie centrale en faillite et…..2 millions d’enfants yéménites souffrent de choléra.
Il est minuit, l’anesthésiste réanimateur de l’équipe s’affale chez lui sur son lit, groggy. Il croyait entendre un bruit de greffe qui s’échappait de la télé. Non ce n’était pas son exploit de la greffe du foie dont on parlait. Un jeune politicien invectivait un islamiste le traitant de carcinome qui s’est greffé sur le corps Tunisie.
Essoussi Kamel
Illustration haut de page : un grand bravo pour l’équipe médicale qui a réalisé la transplantation hépatique, ou greffe du foie,à l’hôpital Fattouma Bourguiba à Monastir