« La démence ne connaît pas la décence »

Mansour M'henni

Mansour M’henni

« La démence ne connaît pas la décence » est une phrase qui m’a été inspirée par un commentaire scandalisé, sur facebook, d’un citoyen tunisien de Sfax, en réponse à des propos régionalistes de l’ex-président provisoire Moncef Marzouki qui, pour s’attaquer au projet de loi de finances 2018 sur la radio privée de la ville de Sfax Diwanfm, n’a pas trouvé mieux que de jouer sur la corde de la susceptibilité régionale pour susciter la discorde séparatiste.
En prenant la ville de Sfax et sa région pour exemple, avec une sorte de compassion politiquement hypocrite, l’esprit manipulateur de Marzouki essaie ainsi d’attaquer de front la notion d’Etat au profit d’une répartition cantonale, sous prétexte de mise en œuvre de la démocratie locale. Loin de moi, ici, de remettre en question la démocratie locale qui est au fondement de la démocratie généralisée ; cependant, elle ne peut être ainsi en se fondant sur un quelconque régionalisme de basse échelle dont l’arrière-fond idéologique cherche à déstructurer un Etat que le peuple tunisien a mis des décennies à édifier et à consolider.

Heureusement, la démarche de Marzouki ne peut tromper personne : Il est monté sur le cheval du régionalisme et du séparatisme pour assouvir sa folie du pouvoir. Aussi s’était-il investi à fond, précédemment, au Sud du pays en vue de caresser, en filigrane de ses manœuvres, l’autonomie de la région du Sud, et pourquoi pas, pour lui, d’un « royaume » à part ! Se heurtant à un patriotisme nullement en défaut chez les Tunisiens du Sud, le voilà qu’il essaie de refaire le coup avec la région de Sfax, n’oubliant pas d’annoncer, à demi-mot en passant, la prochaine région de sa convoitise, le Nord-Ouest. Or, n’en déplaise à celui vit de la folie d’avoir sa république contre celles de tous les autres, les Tunisiens à Sfax, au Nord-Ouest, comme au Sud et comme dans tout coin de la Tunisie, ces honnêtes citoyens du nombril de la Méditerranée, ne renonceront jamais à leur tunisianité. A preuve cet extrait traduit du commentaire de l’enfant de Sfax, évoqué ci-dessus, après en avoir ôté, par respect, les termes me paraissant par trop violents : « […] Les Sfaxiens sont dignes et libres, ils sont des patriotes sincères, ils travaillent et connaissent leurs droits et leurs devoirs… Ils ne sont pas naïfs pour écouter un …, comme toi. […] Ils sont connus pour leur amour de la Tunisie, par leur intégrité, par leur labeur et leur sincérité… »

Pour sûr, c’est le langage déraisonnable et provoquant qui ruinera Marzouki intellectuellement et moralement, car politiquement, il semble déjà totalement cuit.

Quant à moi, franchement, j’aurais aimé parler autrement de quelqu’un qui, malheureusement, aura été un jour, ne serait-ce que comme un figurant ou une marionnette, au sommet de l’exécutif de notre pays. Mais, depuis qu’il s’était assuré d’un mandat de président provisoire, Marzouki avait fait preuve d’une arrogance dont il semble se faire fort, aujourd’hui encore, pour nous insulter. C’est pourquoi il a toujours suscité ma méfiance, avant de me paraître un vrai danger dont il faudra minimiser les effets, sans faire obstacle à son droit de s’exprimer librement.

Combattre Marzouki ? Non, je ne crois franchement pas qu’il puisse avoir, par lui-même, un impact sensible, au point où il en est dans le cercle vicieux où il a fini par s’enfermer. Ce qu’il faut surtout combattre c’est une certaine arrogance qui a fini par marquer les nouveaux rapports politiques où des valeurs inaliénables, comme le respect, l’écoute, le travail, la solidarité, la relativisation des vérités, et d’autres encore, sont bousculées au profit de l’agression, de la violence, du laxisme, de l’égoïsme, du chauvinisme, et d’autres encore.Imaginons un peu ce que serait notre pays si ces dernières s’y imposent impérieusement contre les premières ?! Imaginons nos enfants s’habituer, dès l’aube de leur vie, à cette arrogance caractérisée qui tend à bafouer les acquis d’un peuple dont l’Histoire brille des Lumières de nombreux amers ! Non, il nous revient aujourd’hui la responsabilité d’épargner à la Tunisie un tel risque et de le faire sereinement mais fermement, avec la rationalité qui se doit pour une démocratie du vrai partage généralisé, dans les règles et l’éthique du partage, et dans l’esprit d’une citoyenneté assumée au sein d’une patrie inaliénable, nous unissant pour le meilleur et pour le pire et donnant sens à notre existence.

Masour M’henni

marzouki