France : le préfet des Hauts-de-Seine interdit les prières de rue à Clichy

prière de rue france clichyObéissant aux consignes du ministre français de l’Intérieur, le préfet des Hauts-de-Seine a décidé d’empêcher le rassemblement hebdomadaire devant la mairie de Clichy. De fait, la police va avoir la délicate mission de s’opposer à la prochaine prière.

Après les avoir encadrées pendant des mois, la police doit désormais empêcher, dès ce vendredi, toute nouvelle prière devant l’hôtel de ville de Clichy-la-Garenne.

Le message est ferme. A l’issue d’une réunion de médiation qui se tenait ce jeudi après-midi, le préfet des Hauts-de-Seine a affirmé qu’il « s’opposerait désormais à toute nouvelle prière de rue à Clichy ». Le représentant de l’Etat entend désormais « faire obstacle avec les moyens qui sont les siens à toute réapparition de prière de rue ».

Jusque-là, les forces de l’ordre n’avaient pour consigne que d’encadrer les prières de rue hebdomadaires à Clichy-la-Garenne, en banlieue proche de Paris. Mais le préfet des Hauts-de-Seine, Pierre Soubelet, s’est engagé ce 16 novembre à mettre un terme au rassemblement de musulmans. «[C’est] un trouble manifeste à l’ordre public», a-t-il déclaré, cité par l’AFP. «Depuis la manifestation des élus, j’ai estimé qu’il y avait un risque accru pour l’ordre public […] Il était important que je prenne des dispositions», a-t-il encore ajouté à l’issue d’une réunion de concertation avec la mairie de Clichy et des associations musulmanes.

Le représentant de l’Etat faisait ainsi référence à la mobilisation le 10 novembre courant d’une centaine d’élus de la République, lesquels s’étaient opposés à une prière de rue du vendredi en entonnant la Marseillaise.

L’initiative des élus n’est pas allée sans créer quelques bousculades et frictions, obligeant les force de l’ordre à s’interposer afin que la situation ne dégénère entre partisans de la laïcité républicaine et musulmans désireux de pratiquer leur culte.

Prenant le risque d’une confrontation entre fidèles et police, mais avançant malgré tout le motif du trouble à l’ordre public pour justifier l’interdiction, le préfet n’a fait qu’obéir aux consignes du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Celui-ci a en effet déclaré à l’Assemblée nationale la veille, 15 novembre 2017, qu’il ne pouvait y avoir de prières de rue à Clichy. «J’ai […] demandé au préfet de prendre contact avec à la fois les élus de Clichy-la-Garenne et en même temps avec la communauté musulmane afin que le problème soit résolu», avait ainsi fait savoir le ministre de l’Intérieur, également chargé des cultes, en réponse à une question du député Front national Gilbert Collard.

Un feuilleton qui dure depuis mars

Depuis huit mois, l’Union des associations musulmanes de Clichy (UAMC) organise chaque vendredi des prières de rue à quelques mètres de l’hôtel de ville pour protester contre son expulsion, prononcée après expiration de son bail précaire. Des prières jusqu’ici encadrées par un important dispositif policier. Vendredi dernier, la mairie (LR) de Clichy avait organisé une manifestation d’élu pour dénoncer ces prières répétées dans l’espace public.

Le maire rappelle pour sa part qu’une mosquée existe déjà dans le nord de la commune et peut les accueillir. Ce que les fidèles musulmans contestent, arguant qu’elle est excentrée, mal desservie par les transports en commun et trop exiguë.