Enfance confisquée

coranC’est tous les jours avant la rupture du jeûne. Tous les ingrédients d’un massacre télévisé de l’enfance dans sa spontanéité avec ces trois cheikhs graves à prendre des notes en faisant les savants ; avec un essaim de garçons gringalets imberbes qu’on a revêtus des fringues d’imams grabataires et un tas de gamines aux corps frêles noyées dans leurs voiles amples d’où émerge une petite tête qui a pris un coup de vieux. Sans sourires. Figés par l’angoisse.Terrifiés à l’idée de profaner le sacré. Sans vie… Attendant qu’un barbu adulte les appelle au pupitre auquel elles se rendent dans un silence de mort, comme si elles allaient vers la potence, vers le jugement dernier,s’assoient prosternées et récitent quelques versets avec leurs innocentes voix aiguës conçues par le créateur beaucoup plus pour brailler, gazouiller et jouer que pour lui psalmodier le coran.

Et puis la sentence du jury mandaté de Dieu, culpabilisant froid et glacial, des trois employés des pompes funèbres, des trois croque morts qui jugent sournoisement dans un sérieux tueur les gamins pour un « 9affe »mal chuté ou un « lemmmmme » pas encore assez appuyé. Sacrilège ! Comme si leur voler leur enfance et leur joie de vivre ici-bas pour bien prononcer comme un constipé chronique allait empêcher le ciel de tomber sur leurs têtes, nos têtes.

Que Sami Fehrise déchaîne par la suite sur sa chaîne dans ses émissions volages et de débauche, c’est son choix. Qu’il veuille se racheter à coups de grands écarts en se prostituant aux cheikhs dans une émission qui distille une surdose de sinistrose c’est aussi son droit. Mais de grâce qu’il épargne cette enfance qu’il confisque au profit d’imams pas très « catholiques », ni musulmans d’ailleurs.

Essoussi Kamel